En 2019, à Bourg en Bresse…
Qu’en est-il de notre mission aujourd’hui. Evidemment, elle ne se vit pas de la même manière que du temps de Mère Térèse (quoi que…). Notons tout d’abord le bouleversement du secteur médico-social de notre pays depuis 160 ans : apparition de la sécurité sociale, création de cabinets infirmiers, développement des hôpitaux et hospitalisation presque systématique en fin de vie… Ceci étant dit, il reste toute une population en souffrance et, oserons nous dire, dans l’impasse : les personnes âgées. Leurs facultés diminuent de jour en jour avec une famille souvent dispersée. Une grande solitude se fait jour avec des difficultés quotidiennes de plus en plus insurmontables : se laver, s’occuper de ses médicaments, les repas, les courses…
Ce sont vraiment eux, les « pauvres d’aujourd’hui » vers lesquels nous sommes envoyées. Les familles, les services de la ville ou les personnes elles-mêmes font appel à nous souvent pour des soins que peu de cabinets infirmiers acceptent de prendre en charge. Nous continuons donc d’aller chez les personnes qui ont besoin de soins ou d’accompagnements dans les gestes de la vie quotidienne gratuitement. Nous assurons aussi des visites à domicile ou dans les maisons de retraite pour porter la communion à ceux qui ne peuvent plus se déplacer, pour prier ensemble ou juste pour être une présence amicale.
« Mission d’une étonnante actualité » : extrait de la préface de la biographie de Mère Térèse par Monseigneur Bagnard (Evêque émérite de Belley Ars)
« Le soin des malades, l'assistance aux mourants, la prise en compte de tous ceux qui connaissent les limites de l'âge, la solitude, la dépendance, le sentiment de l'inutilité trouvent dans le cœur des Sœurs une résonance immédiate. Or, aujourd'hui, ceux qui appartiennent au troisième ou au quatrième âge sont légion dans notre société et c'est dans la manière d'aborder cette tâche qu'apparaît ce qu'il y a de spécifique dans la mission des Sœurs.
Citation du Pape Benoît XVI : " Nos contemporains, quand ils nous rencontrent, veulent voir ce qu'ils ne voient nulle part ailleurs, c'est-à-dire la joie et l'espérance qui découlent du fait de demeurer avec Notre Seigneur ressuscité." Car elles portent sur chaque être humain - même fortement diminué et défiguré par la vieillesse ou la maladie - un regard ouvert sur un avenir sans fin ; chacun est revêtu de la dignité de fils de Dieu, promis à l'éternité. Leur mission n'a donc pas d'équivalent dans le monde ; ce caractère unique de leur mission leur confère une place éminente dans notre société ; elle permet à l'espérance de ne pas déserter le monde ! »
Distinguer charité et philanthropie (action humanitaire)
« Le but de l’œuvre est tout spirituel : c’est pour arriver à l’âme que nous soignons le corps» (Mère Térèse, Directoire spirituel, p°111)
« C’est d’un amour de charité que nous aimerons notre prochain, c’est-à-dire en vue de Dieu et pour Lui seul. Dans tous les services que nous lui rendrons, nous n’aurons d’autre but et d’autre mobile que la gloire de Dieu et le salut des âmes, et nous nous garderons bien de nous laisser uniquement guider par un sentiment de compassion que la vue de la souffrance excite naturellement dans nos cœurs. » (Mère Térèse, Directoire spirituel p°64)
« L’action sociale ou humanitaire (en France ou à l’étranger) a pris une grande importance dans notre société moderne. Des jeunes, maintenant, font des études pour devenir des humanitaires professionnels et partir à l’étranger ou se spécialiser en France.
Regardez comment – et c’est très visible dans le monde rural – toutes sortes d’associations d’aide à la personne emploient un nombre considérable de salariés et sont souvent les premières pourvoyeuses d’emplois. La richesse dont notre pays peut encore se prévaloir fait que les familles se reposent souvent sur les autres pour s’occuper de leurs malades, personnes âgées, handicapés. Ce phénomène va aller croissant tant que l’on sera capable de payer. Mais si l’argent vient à manquer et cela pourrait arriver, alors, il faudra trouver d’autres ressources, spirituelles celles-là, pour s’occuper de tous nos pauvres et de tous nos abandonnés par la société de consommation... […]
Même dans l’Église, le danger de bien des associations caritatives est de ne faire que de l’humanitaire. Or Vincent a écrit avec les premières Dames de la Charité un règlement qui régit leur association : ‘‘elles se proposent deux fins, à savoir : d’aider le corps et l’âme, le corps en le nourrissant et le faisant médiciner, et l’âme en disposant à bien mourir ceux qui tendront à la mort et à bien vivre ceux qui guériront.’’ »
(P. Dominique Blot, conférence sur St Vincent de Paul)
Dans l’encyclique du pape Benoît XVI, Deus caritas est, le pape nous dit : « Les collaborateurs qui accomplissent concrètement le travail de la charité dans l’Église ne doivent pas s’inspirer des idéologies de l’amélioration du monde, mais se laisser guider par la foi qui, dans l’amour, devient agissante (cf. Ga 5, 6). Ils doivent donc être des personnes touchées avant tout par l’amour du Christ, des personnes dont le Christ a conquis le cœur par son amour, en y réveillant l’amour pour le prochain. »